Depuis quelque temps, plusieurs personnes dans le domaine des ressources humaines et de la gestion abordent le phénomène de l’effet Dunning-Kruger. Qu’est-ce que c’est au juste?
L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif selon lequel les personnes ayant peu de compétences dans un domaine ont tendance à surestimer leur propre compétence. Ce phénomène a été identifié par les psychologues David Dunning et Justin Kruger, qui ont observé que le manque de compétence est souvent accompagné d’un excès de confiance. À l’inverse, ceux qui sont réellement compétents dans un domaine sont enclins à sous-estimer leur compétence, croyant à tort que les tâches qu’ils trouvent faciles sont également faciles pour les autres. Tout un paradoxe!
Impact sur les compétences de leadership
Dans le cadre du leadership, l’effet Dunning-Kruger peut avoir des conséquences sur les équipes et les organisations. Les gestionnaires qui surestiment leurs capacités risquent de prendre des décisions mal informées, de sous-évaluer les défis, d’éviter des situations, de ne pas être à l’écoute ou de ne pas reconnaître la nécessité de déléguer certains pouvoirs. Ce manque de conscience dans l’auto-évaluation peut conduire à des erreurs stratégiques et à une diminution de la confiance au sein des équipes. À L’inverse, les leaders compétents qui sous-estiment leurs compétences et leur savoir peuvent hésiter à prendre des initiatives ou à prendre l’espace nécessaire pour diriger leurs équipes efficacement.
La reconnaissance de l’effet Dunning-Kruger est nécessaire pour le développement des compétences personnelles. Pour les professionnels cherchant à améliorer leurs compétences en gestion, comprendre ce biais peut les aider à adopter une perspective plus équilibrée de leurs capacités. Ceci encourage une évaluation plus précise des forces et faiblesses et peut orienter les efforts de formation et de développement professionnel de manière plus stratégique.
Bien s’entourer pour élargir son champ de compétences
La connaissance de gestion implique une prise de décision éclairée sur différentes situations, basée sur une évaluation précise des informations disponibles et des compétences dans des domaines variés. L’effet Dunning-Kruger peut fausser cette évaluation, conduisant à une confiance, soit excessive ou insuffisante. Pour les gestionnaires, l’auto-évaluation juste est une compétence à développer: elle leur permet de juger correctement quand ils doivent rechercher des conseils supplémentaires et quand ils peuvent faire confiance à leur propre jugement. L’humilité devient donc une qualité nécessaire d’un bon gestionnaire.
Un bon gestionnaire doit donc s’assurer de créer une équipe avec des compétences complémentaires aux siennes.
Le gestionnaire doit reconnaître et valoriser les compétences et les expertises de ses collègues. Savoir bien s’entourer n’est pas seulement une question de déléguer les tâches ; il s’agit aussi de construire une équipe où chaque membre peut apporter sa valeur ajoutée. En appréciant justement les compétences des autres, les leaders peuvent mieux organiser les compétences au sein de leur équipe, favorisant une distribution du pouvoir et une meilleure prise de décision.
Une solution pour contrer l’effet Dunning-Kruger : la rétroaction continue
Un moyen efficace de contrer l’effet Dunning-Kruger dans un environnement professionnel est de promouvoir une culture où la rétroaction bidirectionnelle et constructive est valorisée et encouragée. Encore ici, il faut s’assurer que le gestionnaire soit prêt à recevoir des rétroactions de la part de ses collaborateurs. Des évaluations régulières, des sessions de rétroaction de la part des collègues et des révisions de performance peuvent aider tous les employés, y compris les gestionnaires, à avoir une vision plus claire de leurs compétences réelles et perçues. Les gestionnaires et les collaborateurs peuvent ainsi prendre conscience de leurs propres limitations. Cela peut favoriser une meilleure communication, une plus grande humilité et une amélioration continue au sein de l’organisation.
L’effet Dunning-Kruger offre une leçon précieuse pour le leadership et la gestion : l’ouverture à l’apprentissage continue et la connaissance de soi est la clé de la compétence.
Cynthia Cowan, CRHA, Adm.A.