En tant que gestionnaire ou même employé, vous arrive-t-il de ne jamais avoir l’impression de pouvoir véritablement décrocher parce que vous êtes trop facilement joignable, par exemple par messages textes sur votre cellulaire personnel ou encore sur des plateformes de messagerie instantanées comme Messenger? Comment réagir quand des situations de travail non-urgentes empiètent sur votre temps personnel ou sur votre temps familial?
Avec les horaires de travail qui sont de plus en plus flexibles et le télétravail qui est resté une pratique bien ancrée pour plusieurs entreprises, il se peut que des collègues de travail comblent leurs heures en soirée ou tôt le matin. Sans même le vouloir, ils peuvent vous déranger sur votre temps personnel, faisant ainsi en sorte que vous travaillez sans arrêt, même pendant le souper, entre deux allées d’épicerie et pendant que vous votre café du matin.
Selon un sondage en ligne mené en 2015 par l’Institut Angus Reid et rapporté par Emploi et Développement Social Canada dans le cadre d’une étude sur la déconnexion :
- 41 % des 1 500 répondants qui utilisaient la technologie dans leur travail vérifiaient régulièrement ou quotidiennement leurs courriels de travail en dehors des heures normales de travail;
- 31 % répondaient aux courriels de travail régulièrement ou quotidiennement en dehors des heures normales de travail;
- 28 % répondaient à des appels téléphoniques ou à des textos en dehors des heures normales de travail;
- 31 % effectuaient du travail en dehors des heures normales de travail, que ce soit de manière régulière ou sur une base quotidienne.
À moins que votre collègue soit un chirgurgien cardiaque, qu’est-ce qui est vraiment urgent et ne peut attendre quelques heures, voire quelques jours?
Tel que mentionné dans le rapport final du Comité consultatif sur le droit à la déconnexion du Gouvernement du Canada : « Certains considèrent qu’un droit à la déconnexion est un moyen d’assurer un équilibre entre le travail et la vie personnelle. La surcharge cognitive et émotionnelle causée par l’« hyper-connectivité » a des effets négatifs. Cela comprend un sentiment de fatigue en raison du « risque psychosocial » associé au fait d’être constamment connecté. Cela peut avoir des répercussions sur la santé physique et mentale. ».
En effet, la récupération après une journée de travail est moindre quand on ne déconnecte jamais vraiment et le sommeil en est affecté, ce qui engendre ultimement des pertes de productivité et qui peut même aller jusqu’à l’épuisement professionnel.
Bref, quand on travaille fort pour mettre en place des mesures pour assurer le bien-être de ses employés et qu’on investit en ce sens, il est important de s’assurer d’abord que ce droit fondamental qu’est celui d’avoir une vie en dehors du travail soit respecté.
Qu’est-ce qu’on fait comme employeur pour assurer le droit à chacun de se déconnecter?
Comment faire en sorte que vos employés respectent le temps personnel de leurs collègues sans que ces derniers aient à toujours fermer entièrement leur téléphone chaque fois qu’ils ne veulent pas entendre parler du travail?
Tout passe par une bonne discussion en équipe pour se doter d’une politique ou, plus informellement, un code de vie entre collègues, selon les besoins. Ne pas contacter ses collègues sur leurs canaux de communication personnels quand ils sont en dehors de leurs heures de travail, en reprise de temps ou en vacances fait partie des points qui doivent être nommés si on veut éviter les situations conflictuelles.
Certaines personnes sont contentes de pouvoir terminer leurs journées plus tôt pour mieux concilier le travail et la vie personnel, quitte à reprendre des heures en soirée. En tant qu’employeur, il faut demeurer flexible tout en s’assurant que le bonheur d’un ne fera pas le malheur de l’autre. L’ambiance au travail ne peut que s’en voir améliorée. Rappelez à chacun qu’il est important de reconnaître les signaux que nous envoient notre corps et de mettre nos limites. Ce n’est pas en accumulant les heures de travail et en étant disponibles en tout temps que nous sommes plus efficaces et appréciés.
Dans les dernières années, plusieurs pays ont choisi de légiféré le droit à la déconnexion. On peut penser à l’Italie, à la Belgique, à l’Espagne et à plusieurs autres qui ont emboîté le pas à la France, qui a été une pionnière en la matière. Au Canada, la province de l’Ontario exige que les entreprises se dotent d’une politique écrite en la matière. Un projet de loi avait même été déposé à l’Assemblée nationale en 2018 par Gabriel Nadeau-Dubois, député de Québec Solidaire.
Bref, il en va de la responsabilité de chacun de veiller à ce que ses collègues puissent bénéficier de moments personnels et cela passe par la prise de conscience de la problématique et le respect du droit à la déconnexion.
Employeurs, donnez l’exemple!
Sources :
- https://www.economie.gouv.qc.ca/objectifs/informer/vecteurs/vecteurs-economie-et-innovation-detail/la-reglementation-du-teletravail-a-travers-le-monde#:~:text=Il%20en%20va%20de%20même,toutes%20les%20modalités%20de%20travail.
- https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/ministere/portefeuille/travail/programmes/normes-travail/rapports/droit-deconnexion-comite-consultatif.html#
- https://www.grenier.qc.ca/chroniques/33264/le-droit-a-la-deconnexion-a-lere-de-lhyperconnectivite
- https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/ministere/portefeuille/travail/programmes/normes-travail/rapports/document-discussion-deconnexion-communications-electroniques-dehors-heures.html