Je n’ai pas l’habitude de m’étendre sur ma vie personnelle dans un contexte professionnel, mais cette fois, je ne peux pas me taire. Parce qu’avant d’être gestionnaire d’entreprise et consultante en ressources humaines, je suis une femme, une fille, une sœur et une maman. Ma sœur est originaire de la Corée et mon frère du Bangladesh. Mes enfants sont Québécois-Vietnamiens. Dans nos soupers de famille, il y a du blanc, du brun et du jaune. Mais nous, on ne voit que des êtres humains formidables.
Vous vous demandez sans doute où je veux en venir?
Quand je lis des nouvelles aussi atroces que celle des restes de 215 enfants autochtones retrouvés enterrés dans une fosse commune sur le site d’un ancien pensionnat, je sors de mes gonds. Ce sont 215 enfants qui ont été arrachés à leur communauté pour être assimilés. Pour qu’ils deviennent de bons petits catholiques. Le pire dans tout ça, c’est que le dernier pensionnat autochtone québécois a été fermé en 1991. C’était il y a 30 ans à peine. Vous étiez probablement déjà né à l’époque où des jeunes enfants souffraient dans un pensionnat pour la seule et unique raison qu’ils étaient autochtones.

Mettre fin au racisme en entreprise
On s’attriste du sort de ces enfants et on met les drapeaux en berne, alors qu’une grande proportion de la population québécoise continue de faire preuve de racisme au quotidien. Et quand je vois mes proches être traités différemment pour une couleur de peau, ça me dérange. Et pourtant, en leur parlant au téléphone, vous ne pourriez même pas vous en douter une seconde. Mes enfants, mon frère et ma soeur parlent le même québecois que vous et moi.
Combien de fois au cours de ma carrière ai-je vu un CV écarté pour la seule raison que le nom du candidat n’avait pas l’air québécois? Et si, en 2021, on était capables de choisir nos employés pour leur expérience et leurs compétences plutôt que pour leur nationalité? Et si, en 2021, on était capables d’admettre que le multiculturalisme, c’est une force en entreprise? Et si, en 2021, on pouvait mettre fin au racisme une fois pour toutes?
La découverte de ces 215 corps d’enfants est atroce. Mais, au final, on n’a peut-être pas évolué tant que ça depuis le décès de ces petits anges. La preuve : les conditions de vie des travailleurs guatémaltèques aux Serres Demers. Jamais on n’aurait laissé des travailleurs québécois vivre dans de telles conditions.
Il est plus que temps que ça change.
Cynthia Cowan
Présidente, Académie GRH