Renelle Nicoletti est directrice des opérations détail chez Nicoletti Pneus & Mécanique, un important détaillant de pneus pour chausser les véhicules de particuliers, la machinerie agricole et les poids lourds. Son rôle est de guider les actions des directeurs de chacune des succursales servant les particuliers pour assurer la profitabilité de l’entreprise et pour les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Renelle a un parcours de vie qu’on pourrait qualifier d’atypique; ancienne triathlète ayant participé à de nombreux championnats québécois et ayant remporté une seconde place aux championnats canadiens, elle a longtemps fait de l’entraînement le centre de sa vie. C’est sans compter qu’elle accordait la même importance à ses maintes implications sociales. Diriger des équipes l’a toujours fait vibrer, et de voir les gens évoluer autour d’elle lui a toujours procuré beaucoup de positif. C’est ce qui l’a menée à être entraîneuse de triathlon pendant quelques années.
Après sa carrière sportive, elle a poursuivi ses études en administration des affaires en complétant un BAA en marketing et un autre en ressources humaines au HEC de Montréal. Depuis 2009, elle évolue au sein de l’entreprise familiale. En 2016, elle en a assuré la relève à parts égales avec son frère Vincent. Grâce à ses propriétaires âgés de 40 et de 42 ans, Nicoletti Pneus & Mécanique fait preuve d’une grande agilité et sait trouver des façons innovantes d’assurer sa croissance.
Quelles sont pour vous les plus importantes qualités d’une bonne leader?
« À mon avis, le plus important quand tu es en position de leader dans une équipe, c’est de laisser de côté ton égo. Parce que, oui, les leaders ont un égo. Mais on dit souvent que, chez Nicoletti, on le laisse dans le garde-robe pour travailler ensemble vers les mêmes objectifs. On tente le plus possible de défaire les barrières de la hiérarchie, ce qui se traduit par une grande écoute envers les directeurs qui, eux, doivent se sentir en confiance en vue de me permettre de les guider sur l’atteinte de leurs objectifs.
Je me souviens d’une action que j’ai posée quand j’ai accepté le poste de directrice des opérations détail : j’ai offert un miroir à tous les directeurs, tout comme il y en a un sur mon bureau. Et ce n’était pas pour voir si mon mascara avait coulé! C’était pour me rappeler constamment l’importance de me parler, de me demander ce que moi, comme personne, j’aurais pu faire différemment. Pour me demander ce que je peux faire pour régler un problème avec un employé ou une situation quelconque. Pour moi, me regarder dans le miroir, c’est la chose la plus importante à faire si je désire avancer comme personne. »
Comment, justement, décririez-vous votre style de leadership?
« J’étais tout récemment en formation avec un individu qui nous parlait des styles de leadership. Il m’a dit que j’étais une leader directive, et ça m’a atteinte! Puis, il a ajouté : ″directive avec une main de fer dans un gant de velours‶. Toute ma vie, j’ai carburé aux objectifs, que ce soit dans le cadre de mon parcours sportif ou professionnel. Je suis maître dans l’art des suivis et de l’atteinte des buts! Est-ce que ça fait de mon style de leadership un style directif? Peut-être.
Parmi mes styles de leadership, je suis aussi une délégatrice qui témoigne d’une grande confiance envers son équipe, sachant que cette dernière peut atteindre les objectifs fixés. Mon rôle, c’est de m’assurer que chacun soit sur la bonne voie et non de faire le travail à sa place. Chacun est responsable de prendre action. »
Est-ce que vous avez dû développer ces aptitudes au fil du temps ou si c’est quelque chose de plutôt inné chez vous?
« C’est plutôt inné. À titre d’exemple, en 4e année du primaire, j’étais mairesse de ma classe. Occuper des fonctions où mon leadership est au premier plan, ça a toujours fait partie de moi. Dans un groupe, le lead me revient naturellement. En contrepartie, j’ai dû apprendre à naviguer à travers les styles de leadership pour m’adapter à l’individu devant moi, question de faire ressortir le meilleur en lui. Et c’est la même chose dans ma famille; j’ai 4 enfants que j’élève différemment. »
Vous évoluez dans le milieu du pneu et de la mécanique. Est-ce que vous considérez que ça a été plus difficile de faire votre place en tant que femme dans un milieu à prépondérance masculine?
« Je vais dire que oui, mais il y a un bout qui m’appartient. Que je le veuille ou non, je dois avouer que je suis arrivée en place en me disant que ce serait difficile. Or, il est faux de penser que c’est difficile partout! Il y a des gestionnaires qui s’adaptent très bien à la direction d’une entreprise, qu’elle soit assumée par une femme ou par un homme. Mais chez certains d’entre eux, souvent plus âgés, les stéréotypes demeurent. Mon rôle, c’est de challenger les gestionnaires. Force est d’admettre qu’il m’a été plus difficile de bâtir ma crédibilité, mais j’y suis parvenue avec le temps. Je donne des outils, et les résultats parlent d’eux-mêmes. C’est certes le chemin le plus long, mais c’est le plus payant à long terme.
À mon arrivée dans l’entreprise et pendant 7 ans, j’ai été directrice des ressources humaines et du marketing. Pourquoi? Parce que je craignais de prendre la direction des opérations! C’est pour cette raison que je disais qu’il y a un bout qui m’appartient. Il m’a fallu une bonne dose d’estime et de courage pour franchir le pas. J’ai d’abord été directrice des ventes pour le secteur des poids lourds, fonctions au sein desquelles j’ai bâti ma confiance. Ensuite, j’ai pris la place de mon frère à la direction des opérations détail, chaise que j’occupe depuis 2 ans. »
Est-ce que vous êtes de celles qui adoptent une routine matinale et qui consacrent beaucoup de temps au développement personnel?
« Ça semble hyper cliché, mais énormément! Je cours chaque matin. J’ai un entraîneur privé qui m’assiste à raison de 3 midis par semaine. Tous les matins, je mets sur papier mes tâches urgentes, lesquelles s’ajoutent à mes tâches importantes. Je commence par celle que j’ai le moins envie de faire. Je lis beaucoup de livres de croissance personnelle, ce qui me caractérise beaucoup. J’ai un vision board. Ce que j’y écris et ce que je visualise, je l’atteins. Cet outil m’a permis de me recentrer, de me ramener à l’essentiel. Autrement, la vie va trop vite. En retraite stratégique, on a même conçu un vision board pour l’entreprise afin de se donner une vision commune avec nos gestionnaires.»
Auriez-vous un conseil à donner aux jeunes femmes gestionnaires un peu à la recherche de leur style de leadership ou en train de bâtir leur identité comme professionnelles ou comme entrepreneures?
« N’essaie pas d’être quelqu’un que tu n’es pas. Sois vraie. Sois toi. J’ai tellement voulu être une leader différente de mon père, mais la vérité, c’est que je lui ressemble énormément. Et aujourd’hui, je peux affirmer que je suis fière de lui ressembler. Il faut juste croire en soi et être authentique. »